Pour la deuxième fois, Herrade Igersheim(1) et ses collaborateurs(2) ont expérimenté deux modes de scrutin alternatifs au scrutin uninominal à deux tours, à l’occasion du premier tour de l’élection présidentielle 2012. Contrairement à l’expérience de 2007, quelles que soient les modalités de vote, par approbation ou par note, François Hollande, élu officiellement, reste le grand vainqueur de cette élection expérimentale.
Mieux comprendre le fonctionnement des institutions démocratiques, étudier le comportement des électeurs face aux modes de scrutin et l’impact sur les processus de décision collective, tels sont les enjeux de cette nouvelle expérimentation de vote 2012, menée à Louvigny en Basse-Normandie, à Saint-Étienne en Rhône-Alpes et à Strasbourg.
Une première expérimentation de vote par approbation(3) avait déjà été menée en 2002 par une équipe de chercheurs de Polytechnique. En 2007, le Béta s’est associé à l’expérience et le vote par note(4) a également été testé. « L’élection de 2002 a affiché au grand jour les faiblesses du scrutin uninominal à deux tours déjà bien démontrées d’un point de vue théorique, notamment le problème du vote stratégique ou utile, explique Herrade Igersheim. Notre expérimentation a pour objectif de tester des modes de scrutins plurinominaux pour savoir s’ils sont applicables, acceptés et compris par les citoyens. » Le vote par approbation et par note, plurinominaux et à un tour, sont à la fois simples et plus riches d’enseignements. En effet, ils donnent la possibilité aux électeurs de se prononcer sur chaque candidat plutôt que de n’en sélectionner qu’un seul !
Un accueil enthousiaste des électeurs
À Strasbourg, nos chercheurs étaient installés à la salle de la Bourse. La participation des électeurs, anonyme et sur la base du volontariat, a été sollicitée à la sortie des bureaux de vote des communes expérimentées. « Concrètement, les électeurs de chacune des communes ont utilisé un système de notation différent. À Strasbourg, une note de 0 à 20 devait être attribuée à chacun des 10 candidats, à Saint-Étienne, une note comprise entre 0 et 2 et à Louvigny, une note allant de -1 à +1, mentionne Herrade Igersheim. Nous souhaitions ainsi voir si les résultats différeraient et mesurer en particulier l’impact de la note négative ou encore du degré de détail du système de notation. »
Sur les 1 734 électeurs des bureaux de la salle de la Bourse à Strasbourg, 1 023 ont accepté de prendre part à l’expérimentation soit un taux de participation de 59% (54% en moyenne sur les 3 sites). Les modes de scrutin utilisés ont été non seulement bien compris et utilisés par les électeurs mais également bien perçus dans l'ensemble. « Néanmoins, le système de notation de 0 à 20 a pu parfois paraître trop complexe. La comparaison fine entre les candidats semble être difficile pour certains électeurs », observe la chercheuse strasbourgeoise. Les participants ont utilisé pleinement les possibilités d’expression nuancées que leur offraient les modes de scrutin. Par exemple, dans le vote par approbation, les électeurs ont approuvé en moyenne 2,72 candidats sur les 10 plutôt qu’un seul.
Un même vainqueur mais des classements mouvants
François Hollande arrive systématiquement et nettement en tête avec les modes de scrutin alternatifs testés. Jacques Cheminade et Nathalie Arthaud arrivent dernier et avant-dernière comme lors du vote officiel. Les autres candidats voient leur place varier selon les modes de scrutins avec selon les cas des positions plus favorables au vote officiel ou un recul (voir graphique ci-dessous).
« Il apparaît que le scrutin uninominal à deux tours favorise les candidats clivants au détriment de candidats plus consensuels. Ces derniers ne sont souvent pas perçus comme de potentiels gagnants et sont donc éliminés par le système uninominal, commente Herrade Igersheim. Cela est dû au fait que l’électeur doit faire un choix unique plutôt que d’exprimer son avis sur plusieurs candidats. De ce fait il subit la pression du vote utile. » Il y a une différence importante entre les résultats du scrutin uninominal à deux tours officiel et ceux des scrutins alternatifs testés. En revanche, même si les échelles de note détaillées renforcent certains écarts, les différentes règles plurinominales testées conduisent à des tendances globales similaires. Plus le vote donne d’information sur les préférences des électeurs, plus le choix collectif qui en découle reflète l’avis des électeurs et permet de nuancer les débats qui agitent la sphère politique par la suite. « Le mode de scrutin ne constitue jamais une méthode neutre. Au contraire, il façonne la démocratie dans laquelle nous vivons. Nos recherches visent à comprendre comment ».
Anne-Isabelle Bischoff
(1) Chargée de recherche CNRS au Bureau d’économie théorique et appliquée - Béta (UMR 7522 – Unistra/CNRS)
(2) Frédéric Gavrel et Isabelle Lebon du Centre de recherche en économie et management (UMR 6211 – Université de Caen Basse Normandie/CNRS), Antoinette Baujard du Groupe d’analyse et de théorie économique Lyon Saint-Étienne (UMR 5824 -Université Jean Monnet/CNRS) et Jean-François Laslier du Pôle de recherche en économie et gestion de l'École polytechnique (UMR 7176 – École polytechnique/CNRS)
(3) L’électeur indique les candidats qu’il souhaite soutenir, ceux qu’il « approuve » ; il écarte alors les autres. Un électeur peut ainsi donner sont soutien à un seul ou plusieurs candidats ou aucun. Le candidat qui réunit le plus grand nombre de soutiens est élu.
(4) L’électeur évalue les candidats en accordant à chacun une note selon une échelle prédéfinie. Chaque candidat se voit donc attribuer des points par chaque électeur : le candidat ayant le plus grand nombre de points est élu.
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Le groupement d’intérêt scientifique (GIS) Mondes germaniques souhaite promouvoir l’initiative des doctorants et post-doctorants dans le domaine de la recherche. Il lance à ce titre un appel à projets pour les jeunes chercheurs autour d'ateliers interdisciplinaires.
Ces ateliers pourront ainsi concerner l’ensemble des disciplines représentées par les équipes de recherche fédérées dans le GIS. Ils devront être organisés autour d’une thématique précise et faire appel à la coopération d’au moins une équipe du GIS, ainsi qu’à des partenaires d’un ou plusieurs pays de langue allemande ou internationaux.
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Prix Marine-Josso
Le prix Guy-Ourisson : pour les jeunes chercheurs
Pour la cinquième année, le Cercle Gutenberg, dont l'une des missions est de stimuler la recherche scientifique en Alsace, propose de remettre le prix Guy-Ourisson à un chercheur « de moins de quarante ans menant des recherches très prometteuses » dans la région. Ce prix est doté de 20 000 euros et s'adresse à tous les champs disciplinaires. En parallèle, cette année encore, la Fondation Université de Strasbourg financera un prix de 10 000 euros destiné à un jeune chercheur sélectionné par le Cercle sur les mêmes critères.
Les chaires Gutenberg : pour des chercheurs de niveau international
Les chaires Gutenberg visent à faciliter l'accueil de chercheurs de niveau international invités par des établissements d'enseignement supérieur et de recherche alsaciens durant un an. Tous les champs disciplinaires sont éligibles. Les titulaires d'une chaire bénéficient du prix Gutenberg, de 10 000 euros (attribué personnellement), et d'une dotation financière spécifique de 50 000 euros (attribuée à l'unité d'accueil et affectée au projet de recherche).
Attention : le prochain numéro sera celui de la rentrée universitaire ! Envoyez alors votre info à lactu@unistra.fr avant le mercredi 12 septembre midi pour une parution le vendredi 14 septembre 2012.
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